Retour sur la Journée sans voiture, le Dimanche suivant, et les Journées d’avant.
Les affiches étaient déjà présentes depuis quelques temps, mais les premiers panneaux de signalisation n’apparurent que quelques jours avant la journée proprement dite.
Puis vint le jour J.
Voici une vidéo florilège de cinq minutes filmées durant cette journée :
Le plus frappant était d’abord cette sensation de calme (Bruitparif annonça une division du bruit par deux).
Puis ensuite cette vision de tous ces enfants à vélo.
La galerie en fin d’article contient d’autres photos. Quelques jours avant l’annonce d’une future obligation du casque pour les moins de 12 ans, on pouvait constater qu’il était déjà très porté par les principaux concernés.
Dans la zone « sans voiture », on voyait également les piétons regagner certains lieux, comme la Place des Vosges, dont les rues sont d’habitude livrées aux voitures : cette place ne fait pas partie de Paris Respire.
Pour une vision plus neutre, voici une heure sans coupure (sauf pour une pose photo à Opéra) :
Enfin, comme pour d’autres évènements du même genre, la fin de la journée fut spectaculaire par la rapidité de sa disparition.
Ainsi, à Bastille, à 17h45, on avait par exemple encore une dizaine de bénévoles et de policiers affectés rien que pour une seule des sorties de la Place de la Bastille (ici vers le Boulevard Beaumarchais).
A 17h50 d’autres policiers en scooter se coordonnaient Rue Saint-Antoine…
A 17h55, la voiture escorte arrivait.
Et à 18h, la circulation dense reprenait derrière l’escorte. La Journée disparaissait en quelques secondes, comme la Convergence, comme Paris Respire… Le retour à l’anormal fut, comme d’habitude, très rapide : la voiture a horreur du vide.
Pour tenter d’illustrer la différence entre la Journée sans Voiture du Dimanche 27 Septembre 2015 et une journée habituelle, j’ai refait le même trajet le Dimanche 4 Octobre à la même heure. Puis, toutes les deux minutes, j’ai extrait 8 secondes de la vidéo de la Journée sans voiture (vidéo avec les noms de rues), et 8 secondes de la journée normale, quand j’étais au même endroit. Voici le résultat :
Alors oui, un Dimanche n’est pas la journée la plus chargée en circulation à Paris, et il y avait des voitures pendant la Journée sans. Mais ne pas voir de différence est très exagéré. En particulier, il y avait vraiment beaucoup, beaucoup moins de cyclistes la semaine suivante, sans parler des enfants à vélo. Cette Journée sans voiture répond manifestement à une attente forte.
Difficile donc de comprendre certaines critiques faites à l’avance.
Par exemple le jour J, l’opération commença à l’heure annoncée et se termina à l’heure dite : interrompre et faire reprendre une circulation automobile à la place d’un flux piéton ne se fait pas avec une synchronisation au doigt mouillé. Pourquoi annoncer par avance que les horaires ne rimaient à rien ?
Les critiques furent de deux types : « Ailleurs l’herbe est plus verte », et « C’était mieux avant » (quand les Journées sans voiture étaient le 22 septembre et pas uniquement le Dimanche).
Pour ce qui est des autres endroits, je ne peux pas juger avec grande pertinence. Par contre je suis parisien depuis 25 ans et aux dates concernées je travaillais déjà depuis un moment. Et pourtant je n’ai strictement aucun souvenir des précédentes Journées sans voiture qui eurent lieu à la fin des années 90 / début 2000.
Aussi j’ai dû me plonger dans les archives des journaux ou de l’INA pour retrouver trace de ces journées.
1998 : Si on lit les déclarations, « tout Paris était concerné », mais en fait en tout et pour tout elle ne concernait que 60 km de voirie interdits sauf aux riverains, avec des autorisations pour nombres de catégories. Les images de l’INA montrent le Boulevard Saint-Germain vide,
..mais les Champs-Elysées noirs de voitures (cf le journal de 20h sur dailymotion à partir de 6:00). A noter : la mise à disposition d’un millier de vélos gratuits si je ne me trompe pas (cf mon souvenir de la vision du JT de 13h sur le site de l’INA, lien que je n’arrive plus à retrouver pour le moment).
1999 : Un article du Monde lisible gratuitement fait la chronique de la journée. Peut-être que la pluie avait gâché la fête. La météo de 2015 a en effet grandement contribué au succès, assurément. L’article du Monde mentionne cependant que même en se limitant aux véhicules autorisés, cela « fait encore beaucoup de monde ». Enfin, la fin est assez intéressante à lire maintenant :
2000 : Interviewant Dominique Voynet au JT de 13h, Gérard Holtz lui fait remarquer que « Paris n’a pas du tout joué le jeu ». Le JT de 20h montre des images de la Rochelle ou des capitales européennes, et ne mentionne même pas Paris. André Santini explique qu’Issy-les-Moulineaux a arrêté après le « binz » des années précédentes.
2001 : Journée annulée à cause des effectifs policiers monopolisés par les mesures suite aux attentats du 11 Septembre.
2002 : La journée du 22 Septembre tombe un Dimanche, Denis Baupin explique qu’il n’y peut rien. Quand au périmètre, il évoque celui de la Journée 2015, en plus restreint.
Voir Le JT sur Dailymotion, reportage à 22:00. On y mentionne 750 vélos gratuits dans l’hypercentre. Le reportage se termine sur une phrase sur les personnes âgées se faisant renverser par les cyclistes…
2003 : Reportage au JT de France 2 (à 13 minutes dans la vidéo). Les journalistes filment les bouchons et les énervements a priori au sud de l’hypercentre de Paris. Le périmètre semble être toujours le même ?
2004 : Le même David Pujadas nous explique que la Journée sans voiture est aussi sans enthousiasme, et qu’elle n’a plus la côte : les villes préférent maintenant « les initiatives plus durables ». On voit seulement un barrage à Rennes, et le JT fait un reportage sur la gratuité des transports à Chateauroux.
2005 : Fin et remplacement par la Semaine de la mobilité ? Difficile de trouver des informations sur ce qui ne semblait plus passionner grand monde.
Bref, il ne faut pas fantasmer les Journées sans voiture d’antan. Et les mentions des systèmes de vélos gratuits créés ponctuellement pour l’occasion à l’époque rappellent à quel point Velib change la donne à Paris pour le cycliste occasionnel pour de tels évènements.
Alors certes, le Dimanche sans voiture est moins ambitieux sur le papier qu’une Journée sans voiture pouvant tomber en pleine semaine. Mais le feu de paille des quelques journées d’antan n’a au final pas donné grand chose, et le terme est faible : il n’a même pas donné de souvenirs. La politique des petits pas est moins flamboyante, mais elle vaut le coup d’être tentée. Si les Dimanche sans voiture deviennent mensuels comme le projet a été évoqué, on n’aura plus besoin de l’INA pour s’en rappeler.
Galerie de photos de la journée :
6 octobre 2015 at 11 h 28 min
Merci pour cette excellente moisson !
21 mai 2016 at 13 h 26 min
C’est la journee sans voiture ce dimanche dans la capitale. Comment faire pour qu’elle soit vraiment « apaisee » ?